lundi 21 mars 2011

Gary Stern est un show-man

Merci à Gary et aux organisateurs de flip-expo 2011.
J'ai eu la chance de participer à cette soirée clôturée par un discours de Gary Stern. Avec mes voisins de table nous avions pourtant parié que l'idée de faire participer Gary à la fin du repas était de mauvaise augure. Gary semblait quelque peu fatigué par le décalage horaire et la longue journée passée au salon, et par l'usage des bouteilles mis à sa disposition. Première découverte: Gary est un bon vivant, fiers de son coté ripailleur, et toujours prompt à vanter les mérites du vin, même au delà du raisonnable. Son discours prouva magistralement que nous avions tort, car même fatigué et dopé au jus de raisin alcoolisé, il fit une formidable prestation et ce malgré le bruit des fourchettes et de ceux qui continuaient à parler. Gary est animé d'une volonté de convaincre de la justesse de son entreprise, de sa capacité à résister à la crise, et de ses choix pour relancer le flipper. Il ne m'a pas convaincu totalement, mais il est indéniable qu'il possède un certain charisme et que certains de ses arguments sont fort intéressants et méritent d'être étudiés.
A propos des collectionneurs
Gary fit preuve dès le départ d'un certain courage. Bien que sachant être devant une réunion de collectionneurs, il a tenu à dire tout le mal (limité et modéré bien entendu) qu'il pensait des collectionneurs. En résumant à l'extrême sa pensée, il pense que nous sommes des clients trop difficiles. Mais notre plus grand défaut selon lui: nous ne passons pas assez de temps dans les bistros à boire un verre et à jouer dans ces derniers lieux hébergeant des flippers. Il nous a exhorté à sortir nos machines de nos caves pour les mettre dans le circuit de l'exploitation, et à tenter de convaincre le patron de son bistro favori de remettre en exploitation nos chers machines. Les chances pour que survive le flipper est selon lui proportionnel au nombre de pièces qui atterriront dans la caisse des flippers encore en exploitation. Ce message très fort est souvent mal perçu chez les collectionneurs français (Gary doit connaitre notre spécificité). Prendre le parti des exploitants est plutôt courageux, car beaucoup ont tendance sur les forums français par exemple à diaboliser les exploitants, et à considérer comme traitres ceux qui tentent de les défendre. Ce ne fut pas le dernier contre-pied de son discours.

Recommencer à boire
Pour appuyer sa démonstration, il fit le parallèle avec les calèches et les chevaux. Personne ne collectionne les calèches depuis que les chevaux ont été remplacés par le moteur à explosion. Pour lui c'est pareil, quant le dernier flipper aura déserté le dernier bar ou bowling, cette industrie sera totalement enterrée, car qui continuera à jouer ou à collectionner ces drôles de machines quand plus personne ne les connaitront de leur vivant. Donc pour lui, la véritable bataille est de sauver les exploitants, qu'ils puissent vivre de leur métier, à savoir la recette de leurs machines. Ils ont besoin que les clients (collectionneurs ou amateurs) mettent de plus en plus de pièces dans les flippers, et que les machines en exploitation augmentent. A ce propos, il a donné une amusante définition d'un flipper: c'est une machine qui permet de gagner un peu d'argent avec sa recette mais qui sert surtout à faire boire la clientèle. Son coté rabelaisien le poussa à insister fermement sur la nécessité que les clients boivent beaucoup, car cela aussi fait partie de l'environnement naturel des flippers. Le flipper doit être vu selon lui comme un moyen pour le bar d'augmenter son chiffre d'affaire.
Le plaisir simple des anecdotes
Gary n'a pas oublié de raconter la petite histoire de Stern avec de savoureuses anecdotes. Deux sont intéressantes car elle permettent de comprendre l'état d'esprit de Gary concernant sa stratégie. La première était à propos d'un compliment entendu naguère concernant un prototype de machine: "Cette machine est tellement bien qu'elle plaira à un enfant". La réponse à ce compliment fut cinglante: C'est une catastrophe. Pour Gary, les machines sont faites uniquement pour les adultes qui fréquentent les bars, lieu strictement interdit aux enfants. Cela démontre clairement que le public direct ou indirect de Stern est et restera les adultes et que les enfants ne sont pas d'actualité.
Gary a également insisté sur la phrase fétiche de Harry Williams : "the ball is wild" (la bille est indomptable). Il insista sur cette phrase célèbre car il est persuadé que les flippers d'aujourd'hui sont trop prédictifs, trop orientés vers les collectionneurs et les meilleurs joueurs. Cela représente deux énormes inconvénients pour lui: ces joueurs ne dépensent pas ou peu d'argent dans ses machines (ils jouent une heure avec une seule partie ou ont eux-même un flipper chez eux), et les parfaits amateurs (ceux qui mettent vraiment de l'argent dans les machines) ne comprennent plus le principe des jeux modernes et se sentent perdus et ne profitent pas de toutes les subtilités. Il voudrait donc revenir à des concepts plus dépouillés, avec un facteur hasard plus important qu'aujourd'hui, ce qui représente un retour au source.
Et la suite au prochain épisode.
Gary donna ensuite de nombreuses informations concernant sa stratégie pour relancer sa société. Ce sujet fut surprenant mais intéressant, avec une stratégie décomposé en trois marchés. Pour bien traiter ce sujet, un article uniquement sur ce sujet est en cours d'écriture.

Traductrice courageuse et concentrée
Gary clôtura sous les applaudissement ses deux heures de show. Beaucoup de verres de vin furent vidées par lui le temps que la traductrice finisse ses interventions, toujours avec le sourire. Je tiens à féliciter la traductrice qui parlait un anglais excelent, mais qui parfois dérapa par manque d'expérience. Mais jamais elle n'a manqué de cœur et d'humour, et nous fûmes charmés par sa prestation. Lors de l'une de ses interventions, elle déclencha les applaudissements amusés de la salle car pendant 30 secondes elle traduisit les phrases de Gary en les reformulant en.... anglais. Elle le fit avec tellement de sérieux et de concentration qu'elle oublia une minute que c'était bien en français qu'il fallait traduire. Bravo et grand merci à elle.


Liens:
Lien vers la petite histoire officielle de Stern
Suite du compte rendu du discours de Gary

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